HARUTA Shinsai Artiste peintre Bâtonniste est né en 1923 à Kagoshima (sud du Japon). En 1954 il s’installe à Tokyo en tant que peintre et migre à Paris en 1963. Il décide de créer des œuvres purement artistiques qui ne soient pas dépendantes du système commercial du marché d’art.
« La naissance d’une œuvre se manifeste dans la conscience interne de l’artiste et la réalisation de cette conscience nourrit le feu de la création. Le travail du peintre se situe entre la réalisation de cette conscience et l’œuvre à réaliser. Or, la conscience réalisée domine la création. Il est donc primordial de bien étudier cette conscience.
Les grands sujets ne m’attirent pas spécialement, mais plutôt des motifs caractérisés par leur simplicité. C’est tout naturellement dans la conscience fondamentale de l’Art que je trouve l’inspiration de mes tableaux.
A l’heure actuelle, le peintre a la totale liberté d’expression. Cependant, s’il perd le principe fondamental, ses tableaux seront dénués de toute force originelle, même si l’œuvre réalisée semble exceptionnelle. Je suis persuadé que les peintres qui négligent ce principe ne produisent pas des œuvres faisant vraiment partie de l’art pictural. Telle est mon attitude vis-à-vis de la création et cela signifie que, même pour peindre une ligne, par exemple, cette ligne doit être la cristallisation profonde de l’entité de l’artiste.
Ce que je considère comme l’élément premier est la couleur. Cette couleur contient à la fois la clarté et la souplesse. Elle ne peut être fournie par simples touches de peintures, mais réalisée par l’extériorisation et la concrétisation de la sensibilité et de la conscience de l’artiste.
Ce qui importe est de peindre une couleur pure et transparente. Des tableaux dans lesquels la couleur est négligée ne sont, pour moi, qu’inachevés.
Il est techniquement très difficile d’exprimer la légèreté et la clarté en couleur. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’un tableau aux couleurs claires soit meilleur.
Si la sincérité est très importante chez l’artiste, elle n’est pas à elle seule suffisante pour créer un art valable. En effet, ce n’est pas en étalant de la peinture que l’on crée une œuvre. Cela signifie qu’il est important d’avoir le sens de l’harmonie des couleurs pour les mettre en valeur. Ceci comporte également l’idée d’affiner la couleur comme une pierre précieuse : c’est cela qui donne corps au tableau. La matière est soutenue par l’élégance de la couleur et sa profonde beauté. C’est là où le travail de l’artiste est mis à jour comme le polissage d’une pierre.
De plus, j’estime qu’un tableau sans matière est une toile non aboutie ou une simple esquisse. Seulement fruit de la volonté sans spontanéité, cette matière n’est qu’un travail artisanal et superficiel, car l’œuvre est issue naturellement de la fusion harmonieuse du travail et de l’esprit.
C’est pourquoi je pense également que le « don » pur n’est pas suffisant.
J’ai la ferme conviction que la peinture actuelle pose comme conditions essentielles une couleur authentique traduisant la richesse de la matière.
Quant aux tableaux travaillés avec de la peinture délayée à la térébenthine, dès qu’ils sèchent, ils perdent leur aspect spontané et risquent de devenir « mécaniques ». De tels tableaux ont plutôt une valeur esthétique et décorative.
La tâche primordiale d’un peintre est donc de créer ou de recréer la matière.
Matière, clarté et souplesse semblent être trop simples pour être prises au sérieux. Malheureusement, j’ai l’impression qu’avec la liberté d’expression le peintre a oublié ces principes fondamentaux. Mon attitude picturale se borne à respecter ces principes de base.
Ainsi que ma conscience le dicte, rester authentique et sensible est ma raison de peindre. »
Jusqu’en 2006, il expose dans de grandes galeries parisiennes et internationales. Il décède en 2014 à Paris.