Alla Rusu fait ses études à l’autre bout de l’ex U.R.S.S. À Tallinn en Estonie et les a poursuivies en Roumanie, à l’Académie des Beaux-Arts de Bucarest. Très loin de Paris qu’elle a été heureuse de découvrir il y a quelques années.
On ne peut s’empêcher de voir en Alla Rusu une lointaine descendante de ces femmes qui, au début du siècle, Sonia Delaunay, Marevna, Nathalie Gontcharova, vinrent de l’est jusqu’à notre Capitale pour en faire le centre de l’Art.
A son tour, Alla Rusu débarqua donc sur les bords de la Seine, apportant avec elle ses tableaux « Nord » ou « Tallinn » et leurs visions inconnues de nous qu’elle a su restituer avec une belle audace. Dans « Nord », on assiste à une accumulation de lignes d’empâtements et de transparences qui montrent le travail de la mémoire pour affleurer à la surface de la peinture. Dans d’autre toiles, comme « Noix », Alla Rusu joue au contraire de la simplification et de la rapidité et prend ses décisions de peintre avec autorité. Et voici les tableaux qu’elle a fait à Paris. Ils portent en eux ce que nous avons oublié pour toujours : les espoirs d’un Occident rêvé et le choc d’un authentique peintre avec Paris : la ville de l’Art et ses musées.
Cela se traduit chez Alla Rusu par une intensification des couleurs qui se pressent les unes contre les autres, se bousculent presque pour conserver intactes l ‘émotion de cette rencontre.
Regardons bien et longtemps ces tableaux car ils nous apprennent à voir notre monde comme au premier jour.