Patrice VALOTA est un artiste né en 1950 à Morienval en France.
Valota ne fait pas acte de théoricien, il dissimule soigneusement la signification secrète de ses choix comme de ses ambitions et si l’œuvre apporte un commentaire au monde, tant mieux, mais là n’est pas l’essentiel pour l’autodidacte qu’il est. L’organisation des formes, la révélation de la matière répondent chez lui à des lois picturales spécifiques en parfaite adéquation avec l’imagination mais aussi le doute. Cela explique en partie son langage pictural, qui oscille en un mouvement pendulaire alternant entre figuratif et abstraction, à l’instar de nombre d’artistes du XX e siècle. Aussi peut-on apprécier dans l’œuvre de Valota des affinités qui le relient selon les séries avec une égale pertinence à des artistes ayant tenté dans l’abstraction une réflexion en direction de formes rationnelles et, dans le même mouvement, cherché dans la figuration la voie d’une expression libérée de toute tentation réaliste.
Dès ses débuts, Valota affirme son engagement artistique avec des œuvres d’une forte plasticité faisant appel à une stylisation très poussée, mais avant tout à la résurgence de souvenirs liés à l’enfance. Ne livre-t-il pas dans un entretien avec Gérard Mordillat en 2005 : « Au-delà de l’acte d’une recherche permanente, la peinture me permet toujours de renouer avec un certain état d’abandon, de réinterpréter ce que je voyais enfant quand j’accompagnais mon père aux carrières. » Les carrières sont de fait des champignonnières, des grottes qui lui inspirent les œuvres de 1990 dans lesquelles se révèlent des traces empreintes de figures, d’écritures archaïques se voulant moins initiatiques que révélatrices, sur des fonds sombres, en des inscriptions tour à tour souples et nerveuses qui restituent la qualité d’une lumière éminemment atmosphérique, inhérente à l’œuvre de Valota.
Il suffit de considérer la façon dont les lois organisatrices vont dès ce moment jouer sur les espaces picturaux de l’artiste en un dialogue les uns avec les autres, et nous confronter à un langage visuel en partie inventé et soumis à un principe directeur traduisant le doute dont le soubassement chez l’artiste est une profondeur émotionnelle d’où le geste, paradoxalement, s’affirme avec vigueur.
Dès les premières œuvres, Valota emploie un médium pour le moins inusité, la cire, livrée à l’improvisation de la main. Écoutons-le : « La cire me surprendra toujours. Elle est comme un livre que j’ouvre à une page et, sous cette page, je sens la suivante et celle d’après. C’est comme si je peignais à fleur de peau. Elle m’offre toute sa délicatesse, sa transparence au contact de la flamme du chalumeau. Elle absorbe les couleurs, les transcende, me guide dans la recherche d’autres teintes. Elle est vivante, sensuelle. Quand j’étais enfant de chœur, j’étais le porteur de cierge, le porteur de lumière. La cire est lumière, elle est au centre de mon histoire. »
Chez Valota, à la rudesse s’oppose la sensualité, au jeu de la lumière, celui des matières et de la couleur, à la chaleur inhérente au feu, le refroidissement dû à la sobriété propre à une certaine rigueur. L’artiste a pris semble-t-il d’emblée conscience de sa nature singulière, très autonome, en exprimant son désir d’entrer comme par effraction dans le monde de l’art.